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Enseignement: Rapport du Conseil supérieur

Le redoublement «pédagogiquement inefficace»
· Schizophrénie des langues

· Trop de «savoirs livresques» et peu de «savoirs pratiques»


Dans le rapport du Conseil supérieur de l’enseignement, la qualité du système éducatif est sévèrement critiquée: «Contenus mal adaptés aux besoins des élèves ; pratiques et méthodes d’enseignement inappropriées». Ce sont, entre autres, les constats que font les auteurs du rapport. Ces derniers ne manquent pas de se préoccuper de «la faible harmonie entre la philosophie des nouveaux programmes et celle d’autres composantes de la pédagogie scolaire à savoir le manuel scolaire, les examens, la vie et les rythmes scolaires, les pratiques d’enseignement et d’apprentissage». «Les contenus demeurent prédominés par des savoirs livresques au détriment des savoirs pratiques et handicapent donc le développement de compétences supérieures chez les apprenants». La faible préparation des enseignants à la nouvelle réforme pédagogique n’est certainement pas pour arranger les choses. Ces derniers «n’ont pas reçu de formation préalable à la réforme des programmes scolaires», affirme le rapport.
Dans le chapitre des dysfonctionnements, le rapport relève aussi l’absence d’un système de responsabilisation et d’une démarche d’évaluation et de monitoring. A ce propos, les fonctionnaires du ministère de l’Education ont fait avorter le système de notation basé sur la performance. Ce dernier était mis en place dans le cadre de la politique de modernisation du secteur public: tout le monde avait pratiquement 20/20 ce qui a entraîné que l’ancienneté est restée le seul critère de promotion (www.leconomiste.com).
Autre constat amer: «Les méthodes d’enseignement sont loin d’être centrées sur l’élève», reconnaît le Conseil supérieur de l’enseignement (CSE). «Elles se fondent sur la transmission directe des savoirs de l’enseignant à l’apprenant sans donner de place à la possibilité d’auto-découverte qui développe chez l’élève les facultés de construction des connaissances et d’adapter aux situations nouvelles».
L’enseignement des sciences est considérablement sinistré: «Les laboratoires dans les lycées pâtissent d’un déficit de matériel réduisant l’enseignement des sciences à des simples démonstrations théoriques sans aucune possibilité d’expérimentation». L’argent est pourtant là! Au niveau de l’enseignement supérieur, «les cours sont présentés de façon dogmatiques loin d’installer une pédagogique centrée sur l’étudiant». La cause en est «la massification»: trop d’étudiants par amphi ce qui empêche de répondre aux besoins spécifiques de chaque étudiant.
Parmi les chiffres les plus frappants du rapport du CSE, il y a ceux du redoublement: «Les places occupées par les redoublants au primaire auraient suffi à accueillir les 40% d’enfants non encore scolarisés. Cela aurait permis la généralisation de ce type d’enseignement». En tout cas, le CSE condamne le redoublement en considérant qu’il est «pédagogiquement inefficace».
Sur l’année scolaire 2005-2006, les redoublants ont représenté 13% des effectifs du primaire, 16% de ceux du collège et 18% de l’ensemble des lycées. La région du grand Casablanca brille particulièrement par ces redoublements élevés notamment au niveau du lycée: 20%, c’est un record national. La région de Oued Eddahab fait figure d’exception dans cet océan d’échec en enregistrant les taux de redoublement les plus bas: 14% au primaire, 13% pour le collège et 10% pour les lycées. Vous l’avez compris, ces taux n’ont rien de bas.
Les garçons sont moins brillants que les filles et sont ceux qui redoublent le plus. L’on se demande pourquoi? Les chiffres avancés par le Conseil supérieur de l’éducation parlent d’un pourcentage d’échec de 16% au primaire contre 11% pour les filles, 18% contre 12% au collège et 20% contre 15% au lycée (soit un lycéen sur cinq redouble!).
La liste des maillons faibles n’est pas clôturée et réserve une place de choix aux langues: «La problématique des langues représente le principal obstacle à l’amélioration de la qualité du système éducatif». Celle-ci concerne deux aspects fondamentaux: les langues d’enseignement et l’enseignement des langues.
«Incohérent», c’est comme cela que le CSE qualifie le choix de la langue d’enseignement et de formation. L’allusion est faite à l’attitude schizophrène qui consiste à enseigner en arabe jusqu’au Bac et en français au niveau de l’enseignement supérieur et technique. «Cela provoque de vrais problèmes en termes d’acquisition des savoirs et des compétences», insiste le rapport.
Quant à l’enseignement des langues, on note le faible niveau des élèves et étudiants marocain. L’enquête PIRLS 2006 a mis en évidence la dégradation des compétences en lecture et en écriture de l’arabe et d’autres langues étrangères. Pour causes, l’absence d’une politique linguistique claire et le caractère traditionnel des méthodes d’enseignement des langues. Le rapport reconnaît en revanche que les professeurs n’ont pas été formés à des pratiques plus modernes. L’absence de modules de formation continue est un fait communément admis.

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